Libérer les chercheurs du carcan public

Lionel Bruel, 01 Informatique, le 23/03/2001 à 00h00

La loi sur l`innovation qui permet aux chercheurs publics de s`engager dans le privé favorise les start up de haute technologie.

Les fonctionnaires chercheurs n`ont pas attendu la loi pour devenir des entrepreneurs », précise Laurent Kott, délégué général au transfert technologique de l`Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique). « A cet effet, je n`exclus pas que des organismes publics aient prêté leurs locaux aux fonctionnaires désireux de tester leur affaire, ajoute-t-il. Je dis simplement que la loi a fait tomber un tabou et qu`elle a permis aux esprits attirés par l`aventure du privé de concrétiser financièrement leur savoir. »

Plus précisément, qu`apporte la loi ? Tout d`abord, elle officialise la possibilité pour les fonctionnaires chercheurs - enseignants ou non - de devenir créateurs, gérants et actionnaires d`une société, ou conseillers techniques. Et surtout, en cas d`échec, de pouvoir réintégrer leur poste de fonctionnaire. « Je ne souhaitais pas devenir patron », commente Serge Abiteboul, chercheur à l`Inria et cofondateur de Xyleme, société qui surveille, récupère et intègre des informations XML provenant du web. « C`est pour cela que j`ai préféré devenir conseiller scientifique, sans responsabilité de manager. En revanche, ma collègue cofondatrice, également fonctionnaire à l`Inria, a préféré saisir les rênes patronales - et donc suspendre son activité de chercheur. »

Avantage : la mesure permet désormais de conserver son régime de retraite « fonction publique », véritable filet de sécurité. De plus, en cas d`échec, le chercheur peut retrouver son poste d`origine. Or, d`après Catherine Sarton, de l`Anvar (Agence nationale pour la valorisation de la recherche), « le confort psychologique procuré par la loi incite certainement à faire le grand saut ». Ensuite, la loi entend favoriser, au sein des universités et organismes de recherche, l`émergence d`interfaces d`accompagnement, connectées au tissu des entreprises. A savoir les fameux incubateurs, qui sont, d`après Hugues Brunet, président de Lorasi, agence de conseil en communication et en échange d`information, « de bons cadres, même s`il leur manque parfois l`approche marketing, juridique et financière, éminemment salutaire aux porteurs de projet. On peut, conclut ce juriste de formation, être bon scientifique et ne pas avoir la fibre marketing ou commerciale... »